Jeudi matin, nous avons pris l’avion de Puerto Princesa, que nous avions rapidement visité la veille, en direction de Manille, la capitale des Philippines. Après une heure de vol, nous atterrissons à l’aéroport Nino Aquinoy, du nom de l’ancien président philippin. Sitôt sortis de l’aéroport, nous sommes confrontés à une réalité : la ville est immense, désorganisée et complétement saturée ! Comme de nombreuses villes d’Asie, la planification urbaine semble aux abonnés absents et le trafic est invivable ! Comme première impression, on a déjà vu mieux ! Nous posons nos affaires à l’hôtel, puis partons découvrir ce que nous réserve cette ville ! Après une petite demi-heure de marche, nous arrivons au parc Rizal, qui est largement inspiré par la capitale américaine Washington DC avec de grands espaces verts, d’immenses bâtiments à colonnades et des statues à volonté ! Nous en faisons rapidement le tour puis remontons vers Intramuros, le quartier historique de Manille. En route, nous croisons de nombreux jeepneys, les bus de ville à la philippine !



Fondée en 1571, Intramuros était le quartier à partir duquel les espagnols dominaient l’ensemble de leur colonie des Philippines. Contrairement aux autres quartiers de Manille, Intramuros garde un charme typique des quartiers coloniaux, et possède quelques monuments d’intérêt : on y trouve ainsi la plus ancienne église des Philippines (qui est le 3éme pays catholique au monde !), l’église San Agustín ! On y trouve également la Casa Manila, une reconstitution d’une maison coloniale espagnole, construite afin de donner au visiteur une idée de l’opulence de la bourgeoisie coloniale espagnole à l’époque de la colonie. Nous remontons ensuite toujours vers le Nord pour rejoindre la cathédrale de Manille, qui fut reconstruite 7 fois, nous en sommes donc à la 8éme édition de la cathédrale ! Nous continuons toujours vers le Nord pour rejoindre le Fort Santiago, qui se situe à l’embouchure du Pasig, le fleuve qui traverse Manille d’Ouest en Est. Comme tout le quartier d’Intramuros, le Fort Santiago est entouré de remparts fortifiés en pierre, typique des forts coloniaux comme nous en avions croisé à Galle (Sri Lanka) ou à Chennai (Inde).



A l’intérieur, on y retrouve une place d’arme, des douves et surtout le mausolée de José Rizal, le Gandhi philippin, qui amena le peuple philippin à entamer une longue réflexion qui amènera à l’indépendance du pays des Etats Unis en 1946. José Rizal était un homme doué, parlant 22 langues ( !), romancier à ses heures perdues, tout en étant poète, essayiste, ophtalmologue ou encore ceinture noire de karaté ! Tout cela pour mourir à 35 ans, fusillé par les Espagnols, qui voyait en lui (à raison) un opposant à la colonisation des Philippines, et un agitateur un brun dangereux. Le musée vaut le détour pour en apprendre plus sur cet homme méconnu, mais très apprécié en son pays. Après cette ultime visite dans le quartier d’Intramuros, nous sommes redescendus vers le Sud de la ville et le quartier d’Ermita, le quartier réputé « touristique », où nous prendrons un verre et cèderons à la tentation des massages ! Après cette belle heure de relaxation, nous irons diner dans un restaurant arabe avant de retourner nous coucher à l’hôtel, après une journée bien remplie et des pieds bien gonflés !



Vendredi matin, Benjamin et Athénaïs avaient rendez-vous à l’ambassade de France pour faire de nouveaux passeports. Après cette visite dans ce morceau de France à l’autre bout du monde, nous sommes partis en direction de la gare routière de Gil Puyat, où nous prendrons un bus pour Tagaytay, située à 2 heures de là. Tagaytay n’est pas une destination touristique en soit, ce qui fait que des milliers de touristes viennent dans le coin, c’est surtout pour le Volcan Taal ! Au même titre que son cousin indonésien Toba, le volcan Taal possède un lac dans son cratère, lui-même situé dans un lac, une sorte de mise en abyme XXL ! Il est considéré comme le plus petit volcan au monde en activité, et aussi l’un des plus dangereux, avec 47 cratères et 35 cônes volcaniques ! Après avoir descendu dans le premier cratère pour rejoindre la ville de Talisay à l’aide d’un rickshaw indien (une belle surprise !), nous prenons un bangka pour traverser le lac et rejoindre le volcan en question.



L’ascension s’avère facile, bien que perturbée par de nombreux touristes locaux, qui vivent l’expérience à leur manière (en gros la randonnée se fait à dos de poney, le tout accompagné d’un « guide »), mais qui ont dû laisser le respect et la politesse à la maison avant de venir. Nous nous laissons gentiment doubler par ces sportifs du dimanche et commençons l’ascension à travers la végétation luxuriante, époustouflés par la vue sur le lac et ses nombreux volcans ! Nous évitons de justesse les crottins de poney et arrivons en haut du cratère principal (si vous ne comprenez pas, c’est normal, il faudrait un bon schéma, mais pour résumer c’est une boite dans une boite dans une boite etc…). On nous propose de nombreuses bières fraiches (la base du marketing : le bon produit, au bon moment, mais bon pas vraiment au bon prix pour le coup !), et même de faire du golf en swinguant des balles dans le cratère : de nombreux touristes locaux trouveront ça drôle, ce qui nous laissera un peu dubitatif sur l’aspect écologique de la chose ! Nous reviendrons ensuite sur nos pas pour reprendre le Bangka, le rickshaw indien puis le bus pour Manille où nous irons rapidement nous coucher car le lendemain, nous devons nous lever très tôt pour un autre volcan, bien plus gros celui-là : le mont Pinatubo !



Ce matin, nous nous sommes donc réveillés à 2h20 (alors, oui ça pique et bien comme il faut !), pour prendre un taxi en direction de la gare de bus de Cubao, située dans la ville de Quezón City, la ville jumelle de Manille. Nous y prendrons un bus pour Capas, une ville située à 20 km du point de contrôle de l’armée philippine, propriétaire du Mont Pinatubo ! Ces 20 derniers kilomètres seront parcourus grâce à un tricycle, le rickshaw philippin qui ressemble à un sidecar bricolé dans le fond d’un garage, et le tout adapté à la taille des philippins : Paul et ses 2 mètres passés auront l’air bien serrés dans ce joujou ! Nous arrivons alors au camp de départ (le fameux Base Camp) du Pinatubo, d’où nous prenons une jeep pour filer droit dans la caldeira du Pinatubo. Mais au fond le Pinatubo, késako ? C’est un volcan situé au nord de Manille (à une centaine de kilomètres, ce qui à l’échelle d’un volcan veut dire juste à côté !) et qui fit la une des journaux du monde entier en entrant en éruption en 1991 après 500 d’un long sommeil. Cette éruption est considérée comme l’une des plus importantes du 20éme siécle.



Elle rejeta près de 10km3 de matériaux, dont une bonne partie dans l’atmosphère, ce qui provoqua un refroidissement de la température du globe de 0,6 degrés pendant 2 ans, rien que ça ! Toute la région aux alentours se retrouva recouverte de cendres, les vallées furent comblées, la forêt et sa faune furent détruites et on déplora 1000 pertes humaines, ce qui est relativement peu compte tenu de la densité de population de l’île de Luzon, sur laquelle se trouve le Pinatubo et Manille. On félicita même les autorités philippines de leur organisation et de leur réactivité ! Nous partons donc à la rencontre d’un volcan impressionnant par sa taille, son histoire et sa capacité de perturbation à l’échelle mondiale ! En matière de perturbations, nous sommes pour le moment surtout confrontés à l’aspect chaotique du chemin tracé dans la caldeira, ce qui nous fait virevolter à l’arriére de la jeep, ce qui ne nous empêche pas de profiter des paysages magnifiques, lunaires à souhait !



Nous arrivons après une bonne heure au début du « trek », qui s’avéra être une petite balade à travers la caldeira jusqu’au lac de cratère ! Les plus courageux descendront même jusqu’au lac, afin de tremper les doigts de pieds dans l’eau du lac ! La vue sur le cratère et son lac est vraiment magnifique, nous nous sentons tous petits face à l’immensité de la nature. Le lac est situé à environ 830 mètres d’altitude, et les parois de la caldeira atteignent 1400 mètres d’altitude. Avant l’éruption, le volcan culminait à près de 1700 mètres, et a donc été décapité sur une hauteur de 300 mètres ! Impressionnant… Nous redescendons ensuite pour retrouver notre jeep, et reprenons la route, et malheur à nous mais le vent s’est levé et des nuages immenses de poussières viennent rendre le voyage particulièrement pénible ! Les yeux piquent, les dents craquent, le nez picotent : les nuages de cendres s’en donnent à cœur joie ! Après une bonne heure d’un long calvaire, nous arrivons tout de blanc recouverts ! Nous reprenons nos carrosses du matin ainsi que le bus pour Manille car nous devons y prendre un bus de nuit en direction du sud de Luzon, et notamment la ville de Legazpi et devinez quoi… un volcan !