Vendredi, nous nous sommes réveillés sous un soleil de plomb, ce qui était de bon augure, vu que nous avions prévu un trek de 3 jours dans les alentours du lac, plus précisément de la petite ville de Kalaw, à 60km du lac, jusqu’à Nyaung Shwe, où nous nous trouvons. Après un bon petit déjeuner, nous retrouvons notre guide, qui nous avait donné rendez-vous à 9h devant notre hôtel, nous partons en taxi pour Kalaw, le trek étant considéré plus sympathique dans le sens Kalaw-Lac Inle. La route passe relativement vite, même si l’état des infrastructures est vraiment limite : la route est posée à même le sol et la moindre prise de vitesse nous envoie dans le plafond !



Après une heure de route, nous arrivons, la météo est toujours réglée sur beau soleil et grand ciel bleu. Nous avons entendu un peu de tout à propos de ce trek, donc nous ne savons pas trop à quoi nous attendre, nous partons donc sans attente particulière. Nous commençons le trek sur une route peu ou pas goudronnée, où nous sommes entourés de champs à perte de vue, et commençons à voir les premiers Pa-O, l’une des nombreuses ethnies qui vivent dans la région, et qui est reconnaissable à ses chapeaux (serviettes sur la tête !) de couleurs rouges ou orange fluo pour les femmes et bleu turquoise pour les hommes !



 Au bout de quelques minutes, nous croisons un monastère flambant neuf, avec quelques moines en pleine toilette. La route devient boueuse et les buffles remplacent petit à petit les tracteurs, que nous ne reverrons quasiment pas avant notre retour à la ville. Nous croisons de plus en plus de femmes aux chapeaux colorés, et sommes surpris par le ratio homme/femme : où sont les hommes ? Les rizières et les champs de blé semblent s’étaler sur des kilomètres à la ronde. Les birmans sont toujours aussi sympathiques, et un simple « Mingalava », un simple Bonjour, semble déclencher à coup sûr un sourire des plus radieux !



 Au fur et à mesure que nous avançons, et que nos t-shirts deviennent trempés, les rizières laissent place à une plantation que nous connaissons moins en Europe, les piments ! Des champs entiers de ces petites friandises pour amateurs de sensations fortes tapissent le paysage et de nombreux piments sont en train de sécher à même le sol après avoir été récoltés, ce qui donne d’immenses carrés rouges vus de loin. Nous arrivons ensuite à notre premier village, que nous renommerons Le village du Piment, tant la culture de ce produit semble être la raison de vivre de ses quelques centaines d’habitants.



 La plupart d’entre eux étaient en train de trier les piments en fonction de leur niveau de séchage, et la position « Pause-Caca », c’est-à-dire genoux pliés et les fesses qui touchent presque le sol, ce qui n’est pas une position courante chez nous, semble être la norme. Les enfants sont enchantés de nous croiser, ce qui est valable aussi dans l’autre sens, tant ces derniers sont mignons et certains nous envoient même des bisous ! Nous quittons le village pour retrouver les champs de piments et leurs piqueuses aux chapeaux colorés.



 Après une dernière heure de marche sous le cagnard, nous arrivons au village qui sera notre halte pour le repas du midi. Nous sommes surpris de croiser de nombreux touristes, car nous n’en avons pas croisé pour venir jusqu’ici, la nature est grande ! Nous mangeons dans une maison sur pilotis entièrement faite de bois, ce qui pose des questions sur l’isolation thermique en hiver (il fait 9 degrés le matin ici). Nous mangeons sans notre guide, ce qui semble être normal ici. Nous repartons ensuite et en route, nous croisons de nombreux hommes (enfin !) en train de tisser des paniers en bambou, ou encore de faire des structures (charpentes, murs, portes…) en bambou.



 Le soleil se fait de plus en plus chaud, et les rizières reviennent petit à petit dans le paysage. Nous remarchons encore 2 bonnes heures à travers les champs pour arriver au village où nous passerons la nuit. Le guide nous abandonne à nos occupations pour aller préparer à manger, nous en profitons pour aller se balader dans le village. Les Pa-O sont vraiment gentils et de nombreuses femmes prennent la pose pour les photos, ce qui n’est pas pour déplaire à Athénaïs. Nous tombons même sur une école où l’heure semble être à la danse, et la moitié du village semble s’être donné rendez-vous pour observer le spectacle.



 Après une bonne heure de balade dans le village, nous revenons à la boutique où nous prendrons le repas, un vrai festin préparé par notre guide, qui était très bon mais que malheureusement nous mangerons à deux en tête à tête, le guide s’étant éclipsé. Nous prenons ensuite nos quartiers dans la « chambre » où nous dormirons, une immense pièce sans fenêtre, et au toit de tôle, au-dessus de la famille qui vit en dessous, et loin, très très loin, des standards européens.



 Nous aurons même une grande pensée pour une amie récemment Thésée de médecine, qui aurait adoré les toilettes à l’autre bout du jardin, dans le froid et dans le noir, car ici, il n’y a pas d’électricité ! Et le tout après avoir descendu un escalier en bambou complètement branlant ! Vous reprendrez du thé ?



 La nuit fut comment dire… particulière ! Le réveil fut froid, nous sommes entourés d’un brouillard de dingue, on ne voit plus les toilettes qui ne sont pourtant qu’au bout du jardin ! Nous descendons l’escalier de bambou vers 7h du matin, mais tout le village semble réveillé depuis 2 ou 3 bonnes heures ! Pas d’électricité lorsque le soleil se couche à 17h30, ça signifie se coucher à 19h, pour un réveil à 7h, je vous laisse calculer le nombre d’heures de sommeil ! Nous avons le droit avant de partir randonner à un petit déjeuner du même calibre que le repas d’hier soir, c’est-à-dire un petit déjeuner pour 6 alors que nous ne sommes que 2 !



 Nous partons donc la brume qui commence tout doucement à se dissiper et laisse apparaitre des immenses champs de blés, et par moment d’immenses toiles d’araignée (et la bêbête qui va avec !) gorgées d’eau de la rosée. Au bout d’une bonne demi-heure, nous retrouvons le soleil et le ciel bleu qui va avec, et les paysages sont redevenus somptueux. Nous recroisons de nombreuses femmes Pa-O avec leurs serviettes-chapeaux sur la tête ! Nous avons l’impression d’être dans une belle pub Heudebert, tant ici le blé le matin, c’est essentiel !



 Nous ferons une courte pause dans le dernier village Pa-O, le temps pour nous de sympathiser avec les nombreux enfants, et un papy qui passe ses journées à faire des paniers en bambou. Le guide nous fait quelques confidences sur sa vie privée et nous fait comprendre qu’il est marié avec une femme qui habite à 200km, et qu’il ne voit quasiment jamais, ce qui lui donne envie de trouver une maitresse : confidences pour confidences ! Nous repartons en direction du lac pour croiser des champs de soja. Nous arrivons à un nouveau village où nous prendrons le repas du midi, entourés par de nombreux enfants et femmes qui semblent s’ennuyer sévère.



 Ici, on vit avec poules, cochons, buffles, chats et chiens, dans des maisons faites en bambous (comme tous les villages jusqu’alors !) et la vie semble être à des années lumières de celle d’un français moyen ! Les habitants sont tout sourire quand il s’agit de les prendre en photo et sont très curieux de découvrir leurs visages sur notre appareil photo ! Le Thanaka, le Q10 Plus local, semble avoir les faveurs de tout le monde, même des bébés ! Nous continuons notre découverte des plantations en croisant de nombreux champs de tournesol, qui ne semble pas chercher bien longtemps le soleil, tant celui-ci est omniprésent !



 Une odeur forte, que nous connaissons bien mais que avons du mal à reconnaitre flotte dans les airs, après quelques minutes de marche nous tombons sur une sucrerie entourée de champs de canne à sucre. Nous visitons le site de production qui tient plus du bricolage que d’une usine à proprement parler. Les locaux sont curieux, et nous présente leur processus de fabrication maison. Nous aurons même le droit de gouter une sucrerie du cru, qui ressemblait de loin à un gros carré de cassonade, chère à Athénaïs.



 Nous nous rapprochons ensuite petit à petit du lac et les maisons retrouvent leurs pilotis, le tout entouré de canne à sucre à perte de vue. Nous croisons également des champs d’aubergine et de fruit du dragon, un fruit tropical qui ressemble à un kiwi à la chair blanche ! Nous arrivons ensuite dans le village de notre guide, qui nous annonce que nous dormirons chez ses parents !



 Nous sommes contents de pouvoir croiser une famille au grand complet, dans ce village complétement entouré d’eau, où le canoé semble être la norme pour le transport. Les gens se lavent, font la vaisselle et la lessive dans la rivière ! Nous avons le droit à une noix de coco XXL, qui est surement la plus grande que nous n'ayons jamais vue !



 Nous en profitons pour nous balader un peu dans le village et les habitants sont toujours aussi souriants ! Nous revenons ensuite à la maison de notre guide qui nous fera un petit tour de canoé, au coucher du soleil, ce qui donnera une couleur magnifique à toutes ces rizières. Nous revenons ensuite pour diner dans la maison des parents, où le repas fut préparé par la sœur et la mère de notre guide. Nous ne tardons pas ensuite à nous coucher, car nous dormons dans le salon, sous une moustiquaire de fortune.



 Ce matin, le réveil fut froid, car l’isolation avec des murs en bambou, ça reste un concept lointain. C’est une drôle d’expérience que de dormir sur ces maisons en pilotis, avec le lever du soleil dans les rizières remplies d’eau. Après un petit déjeuner plus traditionnel (riz frit…), nous partons marcher une petite heure avec notre guide puis arrivons au bateau qui nous ramènera à Nyaung Shwe. Cet après-midi, nous en profitons pour visiter la ville, et ce soir nous prenons un bus de nuit pour le site le plus touristique et le plus connu du pays, l’ancienne capitale du royaume de Bagan !