Samedi dernier, nous avons quitté la ville bruyante et rutilante de Mandalay pour prendre la route du Nord-Est, pour rejoindre la ville d’Hsipaw, située à mi-distance en la Chine et Mandalay. L’unique bus est à 2h de l’après-midi, et à notre arrivée à la gare routière, nous constatons que la moitié du village semble être de voyage : scooter dans la soute ( !), paquets immenses, victuailles… Nous ne serons pas seuls pour le voyage ! Le trajet annoncé est de 5h30 mais comme à l’accoutumée, nous arriverons avec presque 2h de retard, la route fut chaotique, des camions à perte de vue, et une route digne d’une route de campagne chez nous. Nous prenons notre chambre d’hôtel, dinons et allons-nous coucher, rincés par ce trajet interminable.



Le lendemain, nous avons décidé de la jouer petit bras et de se balader tranquillement dans la ville de Hsipaw, qui se dit « Sipo ». La ville se situe dans l’état Shan, l’un des sept états qui compose l’Union du Myanmar, ou Birmanie en Français. C’est aussi l’Etat dans lequel se trouve le lac Inle que nous avons visité il y a une semaine. Il tient son nom du groupe ethnique majoritaire, les Shan. Nous partons donc une nouvelle fois à la rencontre de ce peuple, bien distinct des barmars, le peuple majoritaire de la Birmanie. La ville est relativement peu bruyante tant qu’on se tient à l’écart de la route principale qui sert d’axe majeur entre la Chine et le cœur de la Birmanie. Nous commençons notre visite de la ville par quelques monastères en tek, dont un qui renferme une statue en bambou de, devinez qui ? Bouddha, bien sûr !  




Nous continuons ensuite notre balade dans la ville, et notamment dans le quartier de Little Bagan, qui comme son nom l’indique serait un petit Bagan, on y trouve quelques stupas anciennes non rénovées (ouf !) dont une avec un arbre qui pousse à l’intérieur ! Nous déjeunons ensuite au Mrs Popcorn Garden, un restaurant qui a la particularité de cuisiner les fruits et légumes de son potager ! Nous tomberons raides dingues de son jus de fruit de la passion, un vrai délice ! Le soleil donne et nous en profitons pour faire bronzette, au beau milieu du jardin ! Nous revenons ensuite vers le centre de la ville pour nous renseigner et réserver le trek du lendemain. Nous continuons ensuite vers le sud, pour rejoindre la montagne du coucher de soleil (ça tue comme nom, non ?), qui finalement ne vaudra pas le coup ! Nous rentrons ensuite diner et nous coucher tôt car demain nous avons 30km de trek à faire !



Hier, nous sommes donc partis vers 7h15 dans la brume matinale, en direction de l’hôtel où nous avions réservé le trek. Le rendez-vous étant à 7h30, nous arrivons pile à l’heure, ce qui n’est pas le cas de notre guide, envoyé à tort nous chercher (en gros on a fait le chemin inverse, sans se croiser…). Après quelques coups de téléphone et des longues minutes d’attente dans le froid, nous voilà en compagnie de notre guide, nous sommes contents car il s’agit d’un guide d’origine indienne, et son niveau d’anglais est bon, ce qui facilitera les échanges. Nous commençons alors notre trek. Au bout d’une demi-heure, notre guide reçoit un coup de téléphone, une réservation de dernière minute ! Nous protestons car nous avions payé pour être deux, après une négociation rapide, nous obtenons la réduction qui nous est due : le service client à la birmane !



Après une bonne dizaine de minutes, nous rejoignons la nouvelle venue et le premier contact est comment dire… froid ! Elle ne se présente pas, et nous parle en anglais, alors qu’au vu de son accent, elle est bien de chez nous. On ne bronche pas, on se dit qu’on peut foirer une première approche et se révéler sympathique au final. Nos espoirs sont rapidement douchés, la recrue semble être une vieille fille qui voyage seule, et qui va passer la journée entière à poser des questions plus farfelues les unes que les autres à notre guide, qui avec une patience digne d’un maître confucéen, lui répondra tant bien que mal. Entre la densité de population, le nombre de villages, l’intérêt ou non de manger local ou encore le cheval blanc d’Henri IV, il aura droit à tout ! Nous optons rapidement pour la stratégie de l’éloignement, afin de profiter malgré tout de ce trek qui commence sur de drôles de bases !



Les deux premières heures de marche sont sympathiques, sans plus, nous passons devant les cimetières de la ville, chaque religion ayant le sien. Ensuite vient la forêt et les champs de maïs, la spécialité du coin. Nous arrivons alors au premier village Shan, constitué en grande majorité de maisons de bambous et de toits de tôle ! Le village est peu peuplé et nous croisons d’autres groupes de touristes où au lieu d’être 3, ils sont plus une dizaine ( !) ce qui doit casser un peu l’atmosphère et rendre bien difficile un quelconque échange avec la population. Nous faisons un break, mais pas de kitkat en vue, un bon thé et un gâteau feront l’affaire ! Nous reprenons la marche et passons aux choses sérieuses : la montée devient abrupte et l’organisme bien plus sollicité : nous marchons sur la route de campagne qui mène au village de Pankam, où nous prendrons le repas après 3 bonnes heures de grimpette !



L’arrivée à Pankam est plutôt agréable, l’entrée est marquée par 3 immenses Banyans, pluri centenaires !  Nous passons ensuite au repas, où notre guide aura la réponse la plus belle que nous ayons jamais entendu : après avoir eu une question toujours plus tordue « Ça vaut le coup d’être chef de village ? », il a répondu « Je ne peux pas savoir, je ne l’ai jamais été » suivi d’un « Tu poses vraiment de drôles de questions », ce qui laissa un silence pesant au milieu du repas, et un sourire en coin pour nous deux ! Le repas est semblable à ceux que nous avions eus lors de notre trek précédent. Après une visite rapide du village qui est désespérément vidé de ses habitants, nous rebroussons chemin et redescendons. La descente est plus abrupte que la montée, mais littéralement soulés par notre partenaire de trek, nous ferons la descente 200m devant cette dernière et notre guide, le martyr de la journée ! Nous arrivons sur les coups de 17h30 au nord de Hsipaw, un peu déçu par ce trek, où nous avons finalement croisés peu de locaux, et où les paysages n’avaient rien de transcendant. Nous dinons puis nous nous couchons, littéralement rincés par ces questions à la noix et ces 30km de marche.



Ce matin, nous partons pour Pyin OO Lwin, qui s’appelait Maymyo (la ville de May, un militaire anglais), et se situe sur la route de Mandalay. Petit village Shan avant la colonisation britannique, il deviendra station d'altitude grâce à son climat agréable et devint la capitale d’été de la Birmanie sous le joug britannique : la bourgeoisie coloniale venait y passer la saison chaude avant la mousson pour échapper à la chaleur et à l'humidité de Rangoon. Nous avons donc passé la journée à nous balader entre les différents édifices coloniaux, les églises ou encore les immenses manoirs qui rappellent combien les anglais devaient être nostalgiques de leur pays natal, tant l’architecture ici semble sortie tout droit du sud de l’Angleterre (ou d’une pub Tetley !). Après un bon tour dans la ville, nous rentrons nous poser à l’hôtel pour profiter de notre dernière nuit en Birmanie, car demain nous repartons en Thaïlande !