Les nomades en Iran parlent parsi et arabe, ce qui leur confère une identité propre. Leur nomadisme est plutôt mal perçu par les iraniens sédentaires et les force à vivre relativement éloignés de la vie moderne. Ils vont ainsi à l’école dans leur village jusqu’à un certain âge, puis doivent aller à Shiraz si ils poursuivent des études, ce qui est rarement le cas pour les hommes et nullement le cas pour les femmes. Ils vivent ici la moitié de l’année (saison chaude jusqu’à mi-octobre) et partent vivre à Bandar Abbas sur la côte du golfe persique quand l’hiver est là.
Nous avons passé la soirée avec notre hôte du soir, qui s’avère être une star locale, connu pour sa réussite (notamment la capacité à faire venir des touristes dans ce trou perdu). Etre chez un habitant du coin nous a permis de vivre Ashura de manière moins agressive qu’à Shiraz, notre hôte nous donnant même des bandeaux afin de nous fondre dans la foule ! Le repas fut délicieux, ce qui confirma notre théorie sur le fait que les iraniens ne vont jamais au restaurant et que pour manger à l’iranienne rien ne vaut un repas chez un local.
Après avoir passé la soirée autour d’un feu de camp, de plusieurs tasses de thé et un brin de shisha, nous voilà partis dans les bras de Morphée. Ce matin, nous nous sommes réveillés dans un silence assourdissant pour Ashura. Pas de tambours, pas de hauts parleurs, le rêve ! Et comme tout rêve, le réveil fut brutal : Les défilés reprirent après notre petit déjeuner, ce qui nous invita à fuir de nouveau ! Après avoir fait le tour du village et de son château de torchis, nous avons dû faire de l’autostop car il n’y avait pas de bus en ce jour de fête religieuse. Ce fut une expérience sympathique, les Iraniens se demandant pourquoi nous étions les seuls à vouloir quitter Bazm, là où des centaines de personnes arrivaient pour la fête ! Après quelques dizaines de minutes de cuisson en plein soleil, nous voilà en direction de notre destination du jour : Meymand !
Meymand est un petit village reculé dans les montagnes, qui a comme particularité d’être composé uniquement de grottes qui ont été creusées dans la roche il y a de ça plusieurs centaines d’années ! Nous sommes arrivés à 13h, pour la fin des défilés d’Ashura ! Les habitants distribuaient du riz aux légumes à qui en voulait, ce qui fut une proposition que nous nous empressâmes d’accepter ! Notre hôte du soir nous présenta notre « chambre », une grotte 2 pièces avec frigo et électricité, bref le grand luxe !
Nous sommes ensuite partis nous balader dans le village qui est peuplé aujourd’hui par une cinquantaine d’habitants, les jeunes étant partis à la ville, ce sont en grande majorité des personnes âgées. L’atmosphère est plaisante, et nous avons vraiment l’impression d’être au milieu de nulle part.Nous tombons ensuite sur une bande de jeunes iraniens venus ici profiter des fêtes, leurs grands-parents étaient originaires de Meymand, viennent ici régulièrement pour profiter de la grotte de leurs aïeuls !
Contrairement à la majorité des discussions que l’on peut avoir ici avec les iraniens (niveau d’anglais basique oblige), ce fut un moment exceptionnel. Nous avons pu aborder tous les sujets sensibles (alcool, religion etc…) et nous avons été surpris de la volonté des iraniens de changer l’image de leur pays à l’étranger, image il est vrai complétement à côté de la plaque de ce que nous voyons ici depuis 2 semaines. Ils nous ont même proposé d’essayer des costumes traditionnels, ce qui fut vraiment drôle ! Après ce beau moment de partage, nous regagnons notre grotte pour un peu de repos bien mérité !
