Athénaïs était particulièrement stressée à l’idée de dormir dans une grotte, les araignées, le coté glauque et le froid éventuel de l’endroit l’inquiétaient au plus haut point. Finalement, la nuit fut l’une des meilleures que nous ayons passées en Iran, le réveil au beau milieu du village endormi étant un régal pour les sens. Nos pensées allèrent à une amie dont nous tairons le nom, car les toilettes étaient à l’autre bout du village, ce qui réclamait un don de retenue dont malheureusement elle n’était point dotée. Nous avons profité de la matinée pour bronzer (à l’iranienne, avec un voile pour Athénaïs et un jean pour Benjamin), tout en attendant le taxi qui devait nous amener à Sharek-e Babak, la ville de départ. Le trajet fut folklorique : un taxi jusque Sharek-e Babak, puis un bus jusque Rafsanjan puis un covoiturage jusque Kerman, puis un taxi jusqu’à l’hôtel ! 5h30, 200km, ça fait une moyenne digne d’un Macey Ferguson, mais bon, il faut ce qu’il faut !



A notre arrivée à Kerman, nous avons trouvé notre bonheur : une chambre d’hôtel, une douche, un lit double et surtout une cuisine !!! Ce qui se traduisit rapidement par PASTA PARTY ! Nous sommes allés acheter rapidement de quoi faire une plâtrée de farfale, le compromis entre les gouts de pates de Benjamin (qui déteste les coquillettes) et ceux d’Athénaïs (qui n’aime pas les grosses pates). Après ce festin de roi, nous ne demandions qu’à dormir, ce que nous fîmes rapidement. Aujourd’hui, nous sommes partis en direction du Pakistan voisin, pays fort sympathique si il en est, pour rejoindre la ville de Rayen, où se situe une très jolie citadelle, en torchis bien sûr ! La restauration de la citadelle a été plutôt bien réalisée (avec un respect pour le site d’origine) et le lieu possède une âme propre.



 Nous continuons ensuite notre route vers une chaine de montagne connue ici comme les Colored Mountains, donc les montagnes colorées, puis vers le Jardin Bagh-e Shazde, qui est l’un des nombreux jardins persans inscrits au patrimoine mondial par l’UNESCO, le site est le plus bel exemple de jardin persan : situé en plein milieu du désert, on peut le voir à des kilomètres à la ronde, car sa couleur verte fascine le regard dans cet océan de tons jaunes et marrons ! Il était la résidence de l’un des derniers princes Qadjar, à la fin du XIXéme siécle. Le jardin consiste à de nombreuses fontaines en cascade qui mènent à un petit palais situé un peu plus haut. Le site est protégé par des remparts en torchis, la spécialité du coin.



 Non loin du Bagh-e Shazde, on trouve le Aramgah-e Shah Ne’matollah Vali, un mausolée dédié à un grand homme sufi, mort en 1431, à l’âge de 100 ans, ce qui devait être plutôt rare à cette époque ! Le mausolée a été construit par un roi indien, adepte des préceptes de ce sage sufi. Le complexe fut modifié par les différents Shah, et notamment par le fameux Shah Abbas I, qui ajouta le dôme bleu turquoise et les différents minarets qui font tout le charme du site aujourd’hui.



 Après un repas où chacun tenta l’originalité pour finalement se retrouver avec un kebab dans son assiette (le nom est différent, mais le plat ?), nous voilà partis en direction du désert des Kaluts, une étape que nous attendions de longue date, ce désert étant connu pour être l’un des plus arides au monde, ce qui explique la non-présence de nomades ou de vie animale. De nombreux châteaux de sable taillés par le vent ponctuent la route, le vent étant connu pour souffler toujours dans le même sens, il leur donna une forme bien particulière. Le désert est vraiment spectaculaire, et nous avons eu la chance de voir le coucher du soleil qui donna une teinte dorée à cet ensemble de dunes et de montagnes. Ce désert abrite l’oasis de Gandom Beriyan dont la seule raison d’être est de détenir le record de température à l’échelle de la planète : 70°C à l’ombre, ce qui doit transformer tout iranien en kebab !



 Qui dit coucher de soleil, dit retour dans le noir ! Et en Iran, la conduite est particulièrement affreuse (les indiens à coté sont des conducteurs attentifs et soucieux du bonheur de l’autre), ce qui la nuit venant, donne une toute autre saveur au voyage ! Entre freinage d’urgence, dépassement avec ligne continue et accélération dans un virage aveugle en roulant à gauche, nos palpitants furent bien remués ! Après ce circuit de course, nous sommes revenus sains et saufs à l’hôtel, fatigués par une journée bien remplie, qui en appelle d’autres !