Cela n’empêche pas Mindanao de peser de tout son poids dans la vie du pays, celle ci étant la deuxième île à la fois par la population et par la taille ! Mindanao fut longtemps rattachée à la Malaisie voisine, ce qui explique sa grande minorité musulmane, visible par le nombre de mosquées et les quelques femmes voilées que l’on croise ici ou là. Bien que la colonisation espagnole ait commencé au 16éme siècle, il faut attendre la mainmise des américains au début du XXème siècle pour que la région soit complétement intégrée aux Philippines. Après la seconde guerre mondiale et la rapide occupation japonaise, le gouvernement philippin chercha à réduire l’importance de l’islam dans cette région du pays.
Pour cela, le gouvernement appliqua une politique qui consiste à encourager l’émigration de philippins du nord (notamment de l’île de Luzon, où se situe Manille) vers Mindanao, afin de inverser le rapport de force au niveau des religions. Mais en 1972, les musulmans se rebellent, rejetant le processus de colonisation dont ils sont victimes, ce qui freinent complétement ce mouvement migratoire vers le sud. Depuis lors, ces provinces à fort peuplement musulman obtiennent l’autonomie interne en 1977. Le problème n’est cependant pas réglé, et la sécurité n’est pas retrouvée, car la rébellion musulmane reste toujours très vigoureuse aujourd’hui : peu avant notre arrivée aux Philippines, un touriste étranger fut tué par un groupuscule islamiste.
Nous sommes cependant bien loin de tout cela, et pour le moment, notre bateau ne veut pas quitter le port de Jagna, en effet, une ancre semble vouloir rester accrochée au fond de l’eau ! Il ne faudra pas moins de 2 heures et plusieurs tentatives d'un plongeur pour que la récalcitrante finisse par lâcher prise ! Nous voici donc partis pour 3h30 de bateau en plein soleil (la fournaise !) où nous profiterons d’une vue superbe sur Camiguin, notre destination du jour ! Camiguin est considéré comme l’endroit sur terre possédant la plus forte densité de volcans : il n’y a pas moins de 4 volcans sur cette petite île d’une soixantaine de kilomètres de circonférence ! Fort heureusement, seul le Hibok Hibok, le plus grand, semble présenter un risque, sa dernière éruption remontant cependant aux années 50 ! Nous arrivons en fin de journée, prenons notre chambre et dinons.
Samedi, nous avons été réveillés par la luminosité du soleil, qui est toujours aussi présent. L’île étant entièrement volcanique, ses plages sont de sable noir et celle de notre hôtel ne déroge pas à la règle. Nous cherchons un restaurant sympathique où prendre le petit déjeuner et pour ce faire nous remontons la plage, trouvons sur notre route de nombreux bangkas et pêcheurs semblant lutter contre un courant un peu prononcé. Nous trouvons finalement notre bonheur après une petite heure de marche, les pieds dans l’eau. Nous décidons ensuite de prendre un Bangka pour rejoindre White Island, situé à quelques minutes de bateau de là.
L’île de White tient son nom à la couleur immaculée de son sable, et se résume à un immense banc de sable qui semble lutter contre l’érosion et les marées. L’eau est toujours aussi turquoise, avec un magnifique dégradé jusqu’au bleu roi. Nous restons quelques heures sur cette belle plage, qui offre un point de vue exceptionnel sur l’île de Camiguin et ses nombreux volcans. Nous revenons ensuite prendre le déjeuner, puis trouvons un tricycle pour rejoindre les chutes de Katibawasan, accessible via une route sinueuse à travers la jungle. Nous devrons même abandonner notre carrosse à 600 mètres des chutes, la pente dépassant largement le dénivelé que ce dernier peut encaisser ! Nous continuons alors la route à pied.
Nous arrivons tant bien que mal à grimper jusqu’à l’entrée de la chute d’eau, bien signalée par les nombreuses boutiques de souvenirs philippins ! Dès l’entrée passée, nous sommes impressionnés par la hauteur de la chute, près de 70 mètres ! Les Philippins ont aménagé un petit bassin au pied de la cascade et nous nous empressons d’aller nous rafraichir après cette marche dans la moiteur de la jungle ! Le bruit de l’eau est assourdissant et le nuage de gouttelettes impressionnant ! Nous repartons ensuite en direction du tricycle qui nous attendait, puis rejoignons les sources d’eaux chaudes d’Ardent, qui vu la température ambiante, nous paraissaient bien tièdes ! Nous reviendrons ensuite diner dans un restaurant local situé non loin de l’hôtel puis irons-nous coucher, après une journée bien remplie !
Dimanche matin, les philippins se ruent vers les églises pour assister à la messe. Dans ce pays très croyant et pratiquant, la messe tient une place bien particulière dans l’organisation hebdomadaire. De notre côté, pas d’office religieux au programme, mais un petit déjeuner copieux ! Nous prenons ensuite un tricycle pour descendre la côte est de l’île et rejoindre l’un des spots les plus renommés : l’île de Mantigue. Pour cela, nous prenons un Bangka à San Roque, une petite traversée d’une vingtaine de minutes et nous voilà sur une magnifique île paradisiaque. Il s’agit bien ici d’une île, avec une petite forêt en son milieu, et toujours cette magnifique eau turquoise qui nous entoure à perte de vue. Nous y passerons toute la journée, à faire du snorkeling, à faire le tour de l’île et à profiter de la vue exceptionnelle sur les volcans de Camiguin. Nous retournons en fin de journée en direction de San Roque, puis prendrons un ferry à Benoni pour Balingoan, située à 2h de bus de Cagayan de Oro, notre prochaine destination, sur l’île de Mindanao, qui a donné son nom à toute la région. Le coucher de soleil sur le ferry était absolument fabuleux et Camiguin nous a vraiment conquis avec ses paysages fabuleux, ses plages de sable blond, ses fonds poissonneux et la gentillesse de ses habitants ! Nous arrivons en début de soirée à Cagayan de Oro, avec un retour à la réalité un peu complexe, la ville semble à l’image de la plupart de ses cousines asiatiques : sale, polluée, bouchonnée, bruyante… Bien loin de ce que nous venions de vivre à Camiguin !
Ce matin, nous avions rendez-vous à 7h30 devant l’hôtel pour profiter de l’activité qui fait la renommée de Cagayan de Oro dans tout le pays, j’ai nommé le rafting ! Nous attendons devant l’hôtel avant qu’un jeepney ne vienne se garer en face, avec deux énormes bateaux gonflables sur le toit, pas de doute c’est pour nous ! Nous sommes partis pour une heure de jeepney afin de remonter la rivière Cagayan de Oro. Nous arrivons vers 8h30, mettons casques, gilets et maillots de bains, puis partons. Ce sera alors 3 heures de pur bonheur, où nous ne descendrons pas moins de 14 rapides, le tout dans une eau agréablement fraiche (le soleil tape très fort). A plusieurs reprises, nous sommes complétement trempés par les vagues, les rapides et notre guide qui y va fort en bataille d’eau !
Au bout de ces 3 heures, nous sommes complétement conquis par l’expérience et sommes surpris de l’accessibilité de cette activité : quiconque sait nager et un minimum pagayer sera à son aise dans ce gros boudin qui sert de bateau ! Nous revenons ensuite en jeepney à l’hôtel puis reprenons de suite un taxi pour aller visiter un éco village situé à quelques kilomètres du centre-ville. Nous croisons de magnifiques oiseaux de paradis, des orchidées ou encore des singes! Nous reviendrons en fin de journée afin de diner, pour notre dernier repas à 4, car demain Frédérique et Pauline repartent dans notre beau pays et de notre coté, nous partons pour une nouvelle aventure, dans un pays aux antipodes des Philippines : au Japon!