Dimanche, nous nous sommes réveillés en plein milieu de la nuit, le train ayant la bonne idée d’arriver à 4h39 ! Un vrai horaire SNCF au fin fond de la Chine ! Comme vous pouvez l’imaginer, il n’y a pas foule de choses à faire en Chine à cette heure-là, nous prenons donc nos sacs et partons rejoindre notre hôtel, qui nous fera patienter quelques heures dans le café attenant, ce qui permettra à Athénaïs de finir sa nuit et de découvrir à son réveil le meilleur chocolat chaud du voyage ! Nous faisons la rencontre de quelques voyageurs, ce qui nous permet d’organiser un voyage à plusieurs avec un chauffeur (chinois, faut pas déconner…).



La région de Datong est connue pour de nombreux spots touristiques dont l’un des principaux est le monastère suspendu de Xuankongsi, situé à un peu moins de 2 heures de route. Nous embarquons donc un monospace au nom imprononçable et filons droit vers le sud. Les paysages sont magnifiques, mélange de plaines arides et de montagnes abruptes, malheureusement marqué par l’exploitation charbonnière, on est revenu dans le passé avec des mines à ciel ouvert et un clin d’œil à Germinal. Nous arrivons en milieu de matinée devant le monastère suspendu. Construit en équilibre un peu bancal, ce monastère est soutenu par de longs morceaux de bois au-dessus des gorges de Jinlong, le fleuve attenant.



Nous apprécions la vue sur ce chef d’œuvre de génie humain et démarrons ensuite la petite montée afin d’aller le visiter, chose encore possible aujourd’hui mais qui sera surement interdite à terme, l’édifice souffrant de la fréquentation. Les bâtiments, reliés entre eux par des couloirs taille locale et des passerelles branlantes, semble suivre la montagne au cordeau. Le vertige de Benjamin se réveille et la visite se fait tant bien que mal. Le spectacle offert ici est merveilleux, et bien que le slalom entre les nombreux touristes chinois pourrait bien devenir une discipline olympique sous peu, nous profitons une dernière fois de la vue imprenable et reprenons la voiture en direction de Datong. Le monastère n’était qu’un amuse-bouche, car en effet, il y a un deuxième spot dans la région qui s’appelle Yungang.



Yungang, que nous rejoindrons en deux heures de route, est classé au patrimoine mondial de l’UNESCO. Mais qu’est-ce que Yungang ? Il s’agit d’un immense site bouddhique sacré, semblable à celui de Longmen que nous avions visité quelques jours plus tôt, mais qui précède ce dernier de plusieurs siècles. D’une taille impressionnante, le site est orné de 51 000 statues (rien que ça) qui datent en grande majorité du Vème siècle. Sculptées par un peuple mongolo-mandchou (donc non chinois…), ces grottes présentent un style marqué par l’Inde (d’où est originaire le bouddhisme), la Perse et même la Grèce, en gros toute la route de la Soie historique. Les travaux commencèrent en 460 et durèrent près de 60 ans, ce qui semble rapide au vu des 252 grottes !



Sur ces belles paroles, nous pénétrons dans le site et sommes un peu décontenancés par la surenchère de « faux » que le gouvernement chinois semble vouloir infliger à tous ses sites majeurs : une entrée gigantesque, des éléphants en stuc et j’en passe. Heureusement, l’UNESCO veille au grain pour les parties protégées et nous arrivons rapidement à ce qui nous intéresse : les bouddhas ! Les grottes de Yungang sont réputées pour leur bon état de conservation et notamment pour certaines où la peinture de l’époque est encore visible, ce qui est rarement le cas quand il s’agit de sites aussi vieux. Nous découvrons ainsi les premières grottes et sommes impressionnés par la taille du Bouddha de la grotte n°5, haut de 17 mètres, et en excellent état de conservation.



Les fresques du plafond ou des murs sont magnifiques, et laissent pantois quant à la réalisation de tels chefs d’œuvre avec les moyens du Vème siècle, qui devait être très rudimentaires. Nous croisons ensuite des nouvelles grottes où Bouddha est ici accompagné de bodhisattvas, d’anges gardiens et d’autres figures du bouddhisme. Nous arrivons ensuite aux grottes 16 à 20, qui sont elles aussi accompagnées de Bouddhas immenses, certains étant dans un état bien abimé et d’autres semblant avoir été réalisés la veille. Nous prenons quelques photos, le soleil donnant de sa superbe. Nous allons ensuite visiter le musée attenant qui n’a aucun intérêt si ce n’est de proposer la climatisation (il fait 35 degrés). Nous revenons ensuite apprécier les grottes une dernière fois et retournons avec notre carrosse à Datong, où nous passerons la nuit.



Le lendemain, nous profitons de nouveau des talents de faiseur de chocolat chaud de notre hôte puis allons visiter la ville de Datong. La vieille a été en grande partie rasée pour faire place à une reconstruction de l’ancien, comme malheureusement très souvent en Chine. Le résultat n’est certes pas affreux, mais n’a aucune valeur historique. Nous visitons tout de même la mosquée, quelques tempes et la tour du tambour (un grand classique chinois), tout en profitant de la vue sur les remparts. Nous revenons ensuite en début d’après-midi à l’hôtel afin de prendre un train en direction de Beijing, la capitale, que les francophones connaissent mieux sous le nom de Pékin !