Après une arrivée en pleine soirée à Pékin, la capitale chinoise, nous avons pris le métro et avons rejoint notre hôtel situé dans le sud de la ville, à proximité du Temple du Ciel, l’un des plus connues de cette mégalopole de 21 millions d’habitants. Pékin fut pendant longtemps tenue à l’écart du cœur de la civilisation chinoise, et ce n’est qu’à partir du XIIIème siècle qu’elle devint une place importante, avec les invasions mongoles. Elle fut même détruite à cette époque par le grand Gengis Khan, avant de la reconstruire intégralement sous le nom de Dadu. Elle souffrit également de l’histoire chargée de la Chine : envahie par les Mandchous au 17éme, attaquée par les forces franco-anglaises au 19éme lors des guerres de l’opium, ou encore la mainmise du parti communiste et de ses goûts en matière architecturale.



Le métro semble lui aussi avoir connu des jours plus heureux et comme souvent en Chine, l’entretien fait cruellement défaut. Nous prenons notre chambre d’hôtel et nous couchons, un peu déboussolés par ce voyage dans le métro, coincés entre les chinois qui semblent résignés à cette vie sortie tout droit d’un mauvais film. Le lendemain, nous sommes partis en direction du centre de la ville et notamment du quartier des ambassades, afin de déposer notre demande de visa pour la Mongolie, qui sera notre prochaine étape. Nous avons été agréablement surpris par la simplicité et la rapidité avec laquelle nous avons déposé notre demande, ce qui est plutôt de bon augure pour la suite. Nous repartons sous un soleil de plomb et une chaleur caniculaire en direction du nord-ouest de la ville.



L’histoire du pays a eu un impact sur la ville, bien plus que sur n’importe quel autre endroit : après avoir établi la République populaire de Chine en 1949, sur la place Tiananmen, Mao s’empressa de détruire les portiques ornementaux et rasa des quartiers entiers. Dans les années 1950, les remparts de la ville connurent le même sort. Gratte ciels, galeries marchandes et échangeurs routiers sont là pour boucler le travail de sape et quasiment nous faire oublier le passé glorieux de la ville. Fort heureusement, il reste des pépites touristiques et la ville ne compte pas moins de six sites classés à l’UNESCO. Nous partons donc en direction du Palais d’été, inscrit pour sa part en 1998. Il s’agit de l’ancienne villégiature des empereurs, cherchant à fuir la fournaise estivale de Pékin, et vu le climat du jour, on les comprend.



Le domaine vallonné s’étend sur 290 hectares, et ce qui était à l’origine un simple jardin impérial est devenu ce magnifique palais sur ordre de l’empereur Qianlong au XVIIIème siècle. Nous visitons tout d’abord la colline de la Longévité, où se situent la salle des nuages ordonnés et le pavillon des fragrances bouddhiques, comme on peut le voir les chinois sont toujours aussi doués pour donner des noms aux choses. Nous marchons le long du lac Kunming qui se trouve en plein cœur du domaine et nous offre une belle vue sur le palais et ses environs. Nous sortons ensuite en direction du parc des collines parfumées, que nous mettrons beaucoup de temps à rejoindre, la signalétique étant catastrophique. Nous visiterons alors ce parc et son temple des nuages azurés, un bel exemple de temple taoïste avec des belles statues de divinités et sa salle des Arhat, où l’on trouve 500 statues de Luohan, toutes différentes… Nous rentrons ensuite à l’hôtel.



Ce matin, nous avions décidé de « taper » dans le dur et d’aller visiter un symbole de la culture chinoise et de Pékin : la Cité interdite ! Nous prenons le métro et descendons à l’arrêt « Place Tiananmen », symbole parmi les symboles. Il s’agit de la plus grande place publique au monde (44 hectares), entourée de bâtiments de style soviétique, elle est dominée par le mausolée de Mao, d’un côté et de la porte de la paix céleste de l’autre côté. Cette dernière, flanquée d’un immense portrait de Mao, rappelle combien ce pays est une dictature, avec un culte de la personnalité toujours aussi présent (sa tête est toujours sur les billets) et une présence policière étouffante ! Nous passons alors sous la porte et nous dirigeons en direction de la Cité interdite. Nous arrivons alors face à la porte Duan, encore une immense porte, prenons nos tickets et laissons passer un régiment de soldats, réglés comme du papier à musique.



Ceinte d’une douve large de 52 mètres, la Cité interdite est considérée comme le bâtiment le plus vaste et le mieux conservé du pays. Construite au XVème siècle, son nom vient de son caractère inaccessible pendant près de 5 siècles. Nous pénétrons cette prison dorée par la porte du Midi, c’est devant cette porte que l’empereur passait en revue ses troupes, jugeait les prisonniers ou supervisait la flagellation des ministres gênants (on a les loisirs que l’on mérite…). Nous pénétrons alors dans la cour extérieure qui est conçue pour accueillir 100 000 personnes, elle est traversée par la riviére aux eaux d’or et donne sur la porte de l’Harmonie suprême, la plus importante et la plus vaste de la cité. Elle renferme le trône du dragon, où l’on fêtait l’anniversaire de l’empereur ou encore son couronnement. Nous croisons encore deux salles, celle de l’Harmonie du milieu (ils étaient à court de noms bizarres) et celle de l’Harmonie préservée.



Les petites salles qui suivent sont des copies conformes de celles que nous venons de voir mais en version miniature, nous les visitions même si certaines photos prises par les touristes chinois nous laissent dubitatifs (devant la poubelle de l’empereur !). Nous arrivons ensuite au jardin impérial, situé à l’extrémité nord de la cité. Il s’agit d’un jardin classique chinois de 7000 m² comportant des rocailles, des allées, des pavillons et de magnifiques cyprès. Nous continuons ensuite vers le Grand palais de la paix et de la longévité, sorte de cité interdite miniature, c’était la résidence de l’impératrice et des concubines impériales. On y retrouve aujourd’hui la salle des joyaux qui expose les bijoux impériaux, un mur aux neufs dragons (en faïence…) et le pavillon des Mélodies joyeuses, un magnifique opéra en bois sur trois niveaux. Nous sortons ensuite de la cité interdite, déjeunons et rejoignons le parc Beihai.



Situé au nord-ouest de la Cité interdite, ce parc des Lacs-du-Nord est occupé en grande partie par la mer du nord (Beihai en chinois). En hiver, le lac gèle et devient une patinoire géante ! Pour notre part, nous avons un temps radieux et les chinois viennent ici flâner, louer un pédalo ou encore danser devant les salles du temple. Dominant l’île de jade, qui se situe au milieu du lac, le dagoba blanc de 36 mètres fut érigé en 1651 à l’occasion d’une visite du dalaï-lama, chose complétement inimaginable aujourd’hui, ce dernier étant interdit de présence sur le territoire chinois. Après avoir visité l’île, nous remontons la rive du lac et allons visiter le temple du paradis occidental, un charmant petit temple où le calme nous ferait presque oublier que nous sommes en plein cœur de Pékin ! Nous revenons ensuite vers la station de métro pour rejoindre notre hôtel et prendre des forces, car demain nous partons à l’assaut d’un autre symbole du pays : la grande muraille de Chine !