Dimanche matin, nous avons décidé de continuer notre découverte du Kantô, la région de Tokyo, et de partir vers le Nord, en direction de Nikko. Après être monté à bord du train, la plaine du Kantô s’efface peu à peu pour laisser place aux forêts et aux montagnes, si nombreuses au Japon. Nous nous retrouvons rapidement dans un décor digne de la Savoie. A notre arrivée, nous sommes surpris par le contraste avec Tokyo : ici pas de gratte ciels, pas de métro mais une petite ville de province de 90000 habitants où le temps semble s’être arrêté à l’époque d’Edo (17éme siècle), qui fut le point culminant de l’importance religieuse de Nikko.



Nous remontons alors l’artère principale de la ville, croisons de nombreux chars colorés pour le festival de Yayoi Matsuri, qui tombait ce jour-là, hasard du calendrier ! Athénaïs s’en donne à cœur joie avec l’appareil photo et c’est donc bien accompagné que nous arrivons dans le nord de la ville, là où se trouvent les sanctuaires de Nikko, classés au patrimoine mondial de l’UNESCO. Nous arrivons sur un sentier où la mousse semble lutter pour se maintenir sur les murs de pierre, noyés dans une forêt d’arbres millénaires. Nous rejoignons le premier des sanctuaires, le Rinno-ji, malheureusement en rénovation donc caché derrière d’immenses échafaudages, nous continuons directement vers le chef d’œuvre de Nikko : le Tosho-gu.



Sa rénovation étant terminée depuis un petit mois, le sanctuaire est de toute beauté. Nous passons d’abord par l’Ishi-dorri, l’immense porte d’entrée puis arrivons devant le Gojunoto, le coup de cœur d’Athénaïs : il s’agit d’une très belle pagode à cinq étages, qui porte très peu de dorures et qui date de 1819. Il y a beaucoup de touristes japonais en weekend end, et il faut lutter pour avancer, c’est la première fois que nous avons cela au Japon. Nous arrivons enfin à l’Omote-mon, la porte principale qui nous permet d’arriver au premier niveau du sanctuaire, où l’on trouve des entrepôts sacrés, tours ornés de sculptures plus irréalistes les unes que les autres. Nous arrivons alors à la Yomei-mon, la porte du coucher du soleil, qui est considérée comme la partie la plus importante du sanctuaire.



Il s’agit en effet d’une porte ornementale remplie de sculptures et de peintures rehaussées à la feuille d’or où l’on peut voir fleurs, danseuses, animaux mythiques ou encore des sages… chinois ! Nous continuons ensuite vers les pavillons, où nous aurons le droit à une magnifique explication en japonais (on a rien compris, mais on a bien ri !). En sortant des pavillons, nous grimperons voir la tombe d’Ieyasu, l’un des plus grands japonais de l’histoire. Nous reviendrons ensuite sur nos pas, pour visiter le pavillon Hinji-do, qui est célèbre pour son dragon au plafond (la classe !) et sa réverb toute particulière, ce qui donne un bruit de dragon quand le moine tape sur des bambous (et que c’est numéro 1).



Nous suivrons ensuite le chemin bordé de mousse qui longe le Tosho-gu pour arriver au Futarasan-jinja, lui aussi en restauration (dans l’optique des JO de 2020, le Japon rénove énormément ses lieux touristiques). Il s’agit du protecteur de la ville et est dédié au dieu Nantai-san. Nous continuons notre chemin vers le Taiyuin-byo (on vous rassure, nous n’avons pas à les prononcer), la sépulture d’Iemitsu Togukama, un éminent japonais, qui en toute modestie, se fit faire une tombe sur le même modèle que le Tosho-gu ! Nous empruntons ensuite un sentier dans la forêt où les cèdres immenses nous impressionnent. Nous arrivons après avoir perdu un poumon (le sentier était composé exclusivement de petites marches…) au Kanmanga-fuchi, un petit temple au beau milieu de la forêt.



Nous avons vraiment été séduits par ce petit temple, car il n’y avait absolument personne, il y avait une petite cascade qui coulait non loin de là, nous étions en plein cliché du Japon ! Nous redescendons ensuite à travers la forêt où nous croiserons encore de nombreux petits temples, tous plus mignons les uns que les autres. Nous visiterons également le parc de la villa impériale Nikko Tamozawa, un bel exemple d’architecture japonaise couplé à un petit parc tout aussi nippon. Nos semelles commençant à chauffer et nos genoux à siffler, nous revenons vers le centre de la ville. Sur la route, nous apercevrons le Shin-kyo, une reproduction d’un pont du 17éme siècle. Nous recroisons nos amis du matin avec leurs chars de festivals, et Athénaïs tombent sous le charme des petits japonais, en tenues traditionnelles bien sûr. Nous reprenons ensuite le train pour Tokyo, où nous dinerons et nous coucherons tôt, après une journée bien remplie.



Lundi matin, le soleil donne, ce qui augure une nouvelle belle journée dans le pays du soleil levant. Nous avions décidé de commencer la journée par une visite qui réveille les sens, et tout particulièrement le nez : le marché aux poissons de Tsujiki ! Il s’agit là du plus grand marché au poisson au monde, et au vu de la consommation « visible » des japonais, nous ne sommes guère surpris ! Nous prenons donc le train en direction du marché et arrivons vers 9h, heure d’ouverture pour les touristes. A notre arrivée, nous apprenons qu’il s’agit en fait de 10h… Nous sommes un peu déçus de la tournure de la chose, mais décidons tout de même d’attendre.



Après avoir tué une heure dans le marché extérieur et au temple du quartier, nous entrons enfin dans le marché intérieur, réputé pour ses enchères au thon, qui peuvent atteindre plusieurs millions de yens ! A l’intérieur, nous croisons de nombreux poissons qui attendent d’être vendus ou découpés, l’un n’empêchant pas l’autre. Il y a des petits stands à perte de vue qui présentent des poulpes, du thon (la star ici), du saumon ou encore un nombre incalculable de crevettes. Nous passons une bonne heure à déambuler dans ce petit monde où les petits poissons côtoient les gros.



Nous repartons ensuite en direction de la gare de Tokyo (prononcé Tooo Kyoooo), pour prendre un train en direction du sud du Kantô, et notamment sur les bords du pacifique, il s’agit de l’ancienne capitale du Japon, Kamakura. Son apogée correspond à celle du bouddhisme dans le pays, ce qui explique le nombre important de temples dans la ville. Nous arrivons en fin de matinée, le trajet jusque Kamakura étant rapide. A notre arrivée, nous empruntons l’artère principale de la ville, entièrement piétonne et remplie de petits restaurants et de boutiques de souvenirs.



Après une petite demi-heure de marche, nous arrivons au Tsurugaoka Hachiman-gu (un nom simple en somme), un immense sanctuaire shintoïste dédié à Hachiman, le dieu de la guerre. Datant du 12éme siècle, il est entouré de bassins et de jardins somptueux. Nous prenons quelques photos, mangeons dans le parc puis reprenons notre chemin en direction d’un petit temple, l’Enno-ji. Ce dernier se distingue des autres temples car il renferme 10 statues des juges des enfers, ceux-là même qui accueillent les âmes, bonnes ou mauvaises et qui décident de leur destination finale ! Certaines statues avaient des sacrés têtes ! Nous sommes ensuite partis en direction du plus grand temple de la ville, le Kencho-ji ! Il s’agit aussi du plus ancien temple d’obédience zen de la ville, sa construction remontant au 13éme siècle.



Le Kencho-ji est composé de plusieurs pavillons, dont un avec une statue de bouddha affamé (avec la peau sur les os) ou un autre avec une cloche immense ! Ici aussi, les cerisiers sont en fleurs, ce qui donne un cachet supplémentaire à l’ensemble. Nous ressortons ensuite pour emprunter un passage piéton à travers la montagne, pour rejoindre le Zeniarai-benten, un sanctuaire shintoïste creusé dans la montagne, on y accède même par une petite grotte longue d’une cinquantaine de mètres ! A l’intérieur, une petite fontaine sensé exaucer les vœux et apporter la richesse, après donation bien sûr. Nous reprenons ensuite le chemin qui nous permet de traverser entièrement la ville, et nous arrivons au symbole de Kamakura, le Daibatsu, une immense statue de bronze du Bouddha, pesant 850 tonnes (ça en fait du bouddha) et atteignant les 11 mètres de haut !



Nous reprendrons ensuite la route en direction du dernier temple de la journée (et pas des moindres), le Hase-dera. Ce temple est magnifiquement mis en valeur par son cadre, dans un petit jardin japonais à flanc de montagne. On prend d’abord un escalier raide qui nous amène à un sanctuaire en l’honneur de Jizo, qui un peu mégalo, remplira les alentours de répliques de sa stature, nous sommes donc littéralement entourés de petits Jizo ! A l’étage supérieur, on trouve une statue en bois de bouddha de 9 mètres de haut ! Nous reviendrons dans le jardin japonais où se trouve une grotte remplie de statues du bouddha, ce qui rappelle certains temples du Sri Lanka ou de Thaïlande, bouddhistes eux aussi.



Nous revenons ensuite en direction de la gare, la pluie nous ayant rattrapé, puis retournons à Tokyo pour aller dans un kaiten-zushi (restaurant à sushis) en amoureux ! Ce matin, nous avons dit au revoir à notre hôte puis sommes partis en direction de Narita, la ville qui accueille l’aéroport international de Tokyo et qui constitue une bonne halte avant de prendre l’avion. En effet, en son cœur, on retrouve une magnifique allée pittoresque, l’Omote-Sando, où la réglementation locale permit de préserver cette rue sortie tout droit du Japon de carte postale ! Au bout de cette rue, nous tombons sur le Narita-San Shinshoji, le temple de la ville, qui impressionne par ses dimensions et sa beauté.



Nous grimpons les marches et trouvons des portes magnifiques, une pagode à plusieurs niveaux et d’autres bâtiments tous aussi beaux ! Nous revenons ensuite à la gare pour prendre le train pour l’aéroport, qui s’avère être le point le plus à l’est de notre voyage, à plus de 12000 kilomètres de la France. Nous prenons le vol pour le Kansai, notre prochaine destination. Pendant le vol, nous aurons une vue imprenable sur la ville de Tokyo, sa baie et le Mont Fuji ! A notre arrivée, nous rejoignons notre nouvel hôte à Osaka, où nous passerons la semaine qui vient.