Vendredi, après un petit déjeuner pris à la boulangerie du coin, nous avons pris le ferry pour Allen, situé juste en face de Matnog, sur l’île de Samar. Samar est une île bien plus sauvage que Luzon, et il existe encore une rébellion communiste au cœur de l’île ce qui ralentit grandement son développement économique et touristique. Pendant le trajet en ferry, nous avons sympathisé avec un philippin, bien surpris de croiser des touristes occidentaux si près de chez lui ! Nous avons pu aborder un grand nombre de sujets, il nous confia même ne pas comprendre la passion des Philippins pour le basket, ces derniers n’étant pas aidé il est vrai par leur physique ! Nous arrivons à Allen après une bonne heure et demie de bateau.



Nous rejoignons rapidement l’autre port de la ville, où nous attend un Bangka pour San Antonio, notre destination du jour. San Antonio est le nom de la plus grande ville de l’île de Dalupiri, à tel point que son nom est venue remplacer celui de l’île. La traversée en Bangka dura près de 45 minutes et fut particulièrement bruyante, le moteur étant juste derrière nous. Après avoir perdu la moitié de notre audition, nous arrivons à bon port et la carte postale nous saute aux yeux : sable blond, cocotiers et eau turquoise ! Nous descendons et prenons une chambre dans un petit hôtel à même la plage, nous serons donc réveillés par le bruit des vagues ! Nous passons l’après-midi sur la plage, puis dinons.



Samedi, le bruit des vagues est bien présent, mais pas que : en effet, nous sommes le weekend et de nombreux philippins ont « débarqué » sur la plage de San Antonio. Nous profitons tous du week-end mais d’une manière bien différente ! Comme bon nombre de peuples asiatiques, les philippins se déplacent en nombre : ici on vient en weekend à 8, 10 ou 15, mais rarement à deux comme nous. Les Philippins semblent avoir une haine pour le silence (ce qui les rend bruyants à souhait) et sont de grands fans du karaoké, malheureusement la révélation The Voice ne semble pas venir d’ici. Nous irons nous promener dans les petits villages aux alentours afin de prendre un peu l’air. Le soir, nous rencontrerons par le hasard des choses la personne avec laquelle nous étions en train d’échanger des SMS pour planifier une excursion de spéléologie sur une autre île, 3 jours plus tard !Nous en profitons pour sympathiser avec les français qui l’accompagnent, des grands fanas de spéléologie qui sont là depuis 3 semaines, sans avoir vu le soleil (oui, dans une grotte, le soleil c’est pas la panacée !). Nous mangerons à l’hôtel, bercé par les philippins et un peu aussi par le bruit des vagues, et irons-nous coucher.



Dimanche, après avoir été réveillé par le bruit de 3 folles des philippines (dont un homme au gabarit de demi de mêlée mais avec la voix très aigue), nous prenons notre petit déjeuner à la volée et partons rejoindre l’île de Samar, à Victoria, juste en face de San Antonio. Nous prenons ensuite un van jusque Catbalogan, où nous resterons les prochains jours. Grace à Joni Bonifacio, l’homme avec lequel nous échangions des SMS, Catbalogan est devenue la capitale des sports d’aventure dans les Visayas, le groupe d’îles auquel appartient Samar. Pour nous mettre en bouche, nous avions décidé de faire du canyoning, un sport que nous n’avions jamais pratiqué. Nous partons donc à la lisière de la ville pour marcher pendant une bonne heure sous la pluie (pluie chaude, on est aux Philippines), ce qui donnera un sentier hyper boueux. Arrivés trempés en haut, nous sommes fin prêts à nous jeter à l’eau !



Athénaïs découvre ici l’escalade et les bases du rappel, qui seront très utiles tout au long de l’après-midi. Nous commençons alors notre première descente à côté d’une cascade, l’appréhension est là, mais après un rappel rondement mené, nous sautons à l’eau ! Notre guide semble plus à l’aise avec un baudrier que dans l’eau : il nage comme un petit chien, et nous ne tardons pas à le rattraper ! Nous enchainerons ainsi pendant près de 4 heures de nombreuses cascades, rapides et autre bassins, nous avons vraiment apprécié ce mélange inédit entre escalade, nage et marche, un sport plutôt complet et bienvenu avec la chaleur qu’il règne dans les environs ! Nous rentrerons en fin d’après-midi, et après une bonne douche, nous irons tuer quelques pizzas (et surtout pas de riz !) avant d’aller nous coucher !



Ce matin, nous avions décidé de sortir le grand jeu et de tester là aussi un nouveau sport : la spéléologie, ou caving en anglais. Nous partons donc de bon matin (7h30, tout est relatif !), et rejoignons notre guide de la journée, nommé Lando ! Nous déjeunons avec lui : riz blanc mal cuit, porc émincé à l’ail et petit pain, on se met tout de suite dans le bain ! Nous prenons ensuite un bus pour rejoindre Calbiga, le village où est situé la Langun Gobingob Cave, la plus grande grotte des Philippines, qui dans sa partie la plus grande, fait plusieurs terrains de football. Pour le moment, pas de ballon rond, mais du deux roues, car nous partons à 3 sur une moto cross en direction de la jungle : il faut imaginer un philippin de taille réglementaire (1m65) avec nos deux carcasses à l’arriére ! Après quelques frayeurs, nous arrivons au bout de la route, comprendre, de la civilisation !



De là, nous commençons une petite randonnée d’une heure, qui sera ponctuée par une pluie torrentielle, qui transformera rapidement nos vêtements en serpillères ! Nous commençons à douter de la bonne idée de la journée, mais il parait que c’est au pied du mur que l’on voit le mieux le mur, donc nous continuons jusqu’à arriver à l’entrée de la grotte : c’est vraiment impressionnant ! Nous arrivons en territoire sec, mais ça ne durera pas. Nous mettons des gants, un casque avec lampe frontale et en avant Guingamp, nous voilà en train de descendre les marches pour rejoindre la grotte ! Nous arrivons petit à petit dans l’obscurité et au bout de quelques minutes, nous sommes seuls dans le noir, avec pour seul signe de vie, nos lampes frontales. Athénaïs a ça dans le sens, la lampe frontale c’est un peu leur histoire dans le Nord Pas de Calais !



Nous qui pensions être au sec déchantons rapidement : ici l’humidité est très forte et chaque roche devient une patinoire, on n’est pas loin d’une répétition d’Holiday On Ice et nous manquons plusieurs fois de perdre une jambe dans la bataille. La terre semble avoir quitté ce monde, et la boue règne en maitre dans cette grotte. Après avoir lutté âprement, la chaussure gauche d’Athénaïs sera la première victime de cette guerre de tranchée : elle sera ensevelie sous plusieurs centimètres de boue ! Après une bonne heure, nous sommes encerclés par les stalagmites qui montent et les stalactites qui tombent : il n’y a pas à tergiverser, c’est beau ! Nous croisons de nombreuses chauves-souris, il semble que nous troublions le sommeil de ces petites créatures ! Nous nous arrêtons ensuite pour manger, notre guide étale une bâche et plante des bougies, on se sent comme à la St Valentin, mais à Lourdes !



Après le repas, nous comprenons que la chaussure gauche d’Athénaïs n’était que l’entrée : nous perdons littéralement pied mais nous progressons, ce qui reste le plus important dans ce remake de 14-18 ! Au bout d’une bonne demi-heure, nous arrivons à un précipice de 50 mètres de haut, nous passons le baudrier et commençons une descente en rappel, aidé par notre précieux guide ! Arrivés en bas, nous sommes dans une immense forêt de stalactites, nous en profitons pour faire quelques photos, on sait jamais pour les assurances ça peut aider ! Nous continuons dans le bourbier qui semble être de plus en plus humide mais le spectacle est au plafond : nous sommes dans la plus grande partie, celle des terrains de foot ! Nous sommes impressionnés par la taille, on se sent tout petit ! Nous ne nous laissons pas intimider et continuons encore à travers la boue (qui se dit Mud en anglais, on aura au moins appris ça !).



Nous arrivons alors à un puits de lumière et au fond d’un immense couloir, une chose que l’on n’espérait plus : la sortie ! Enfin, il reste plusieurs centaines de mètres à parcourir, où nous croiserons encore des kilos de boue, des araignées de la taille d’une main, des sauterelles, des scarabées volants et plein d’autres bestioles ! Au bout du chemin, nous sortons de la grotte et notre guide en profite pour nous annoncer qu’il ne reste « que » 3 heures de marche à travers la jungle, en pente hyper raide avec une végétation trempée par la pluie : ça c’est beau, c’est direct, on sent que le type n’est pas en période électorale, il dit les choses ! Nous partons donc de suite pour éviter d’avoir à marcher en pleine nuit ! La randonnée s’avère compliquée, nous sommes bien fatigués, il n’y a pas vraiment de chemin et tout est hyper glissant, nous nous rétamons plusieurs fois, heureusement rien de grave ! Après ces 3 heures de calvaire, nous arrivons enfin sur un coucher de soleil somptueux ! Ce fut dur mais nous l’avons fait ! Nous retournons ensuite à Catbalogan, prenons 3 douches chacun (véridique…) et allons-nous coucher, complétement rincés par cette journée riche en émotions !