Hier matin, nous sommes partis de bonne heure, ce qui signifie ici dans le froid glacial, pour prendre le bus pour Qiaotou. Pourquoi Qiaotou ? C’est le point de départ de l’un des treks les plus connus du Yunnan, le trek de la Gorge du saut du tigre. D'environ 16 km de long, les gorges sont dues au fleuve Yangzi qui serpente entre les deux sommets du Yulong Xue Shan (5 596 m) et du Haba Xue Shan (5 396 m), elles prétendent au titre du canyon de rivière le plus profond au monde. Leur nom se réfère à la légende qui raconte que, pour échapper à un chasseur, un tigre sauta par-dessus le canyon en son point le plus étroit (tout de même large de 25m !). Nous arrivons donc vers 10h à Qiaotou, dans un froid de canard, le soleil jouant à cache-cache avec les nuages.



Nous passons le centre d’accueil des visiteurs qui est immense mais qui ne sert qu’à vendre les tickets d’entrée du parc, qui ne nous seront jamais demandés après ! Après quelques minutes de marche, nous croisons une école qui est censé être le point de départ du trek d’après le magnifique plan dessiné par un enfant de 3 ans que nous donne le centre des visiteurs. Après plusieurs essais infructueux, nous trouvons le bon chemin, qui démarrer par une quarantaine de minutes de lacets de route bétonnée, qui grimpe de manière abrupte vers les gorges. La vue commence à être vraiment sympathique, avec les deux rivières qui se rejoignent dans le bas de Qiaotou.



A la fin de cette première partie, nous tombons sur un petit panneau bleu avec une traduction aléatoire mais qui semble dire que c’est le point de départ du sentier de trek. Nous grimpons alors avec une pente énorme pendant deux longues heures, où nos palpitants et nos corps sont mis à rude épreuve, les lacets s’enfilant les uns après les autres et le plat ne semblant pas recueillir de nombreux suffrages ! Cependant nos efforts sont récompensés, les vues sur les gorges sont vraiment magnifiques, et le soleil pointe enfin le bout de son nez, ce qui amène une chaleur plutôt bienvenue pour nous accompagner dans l’effort. Nous arrivons tant bien que mal à notre premier sommet, avec 900m de dénivelé, nos organismes souffrent mais supportent le choc.



Nous continuons la grimpette pour finalement arriver aux fameux 28 lacets, qui font tant parler d’eux dans la région pour leur prétendue difficulté. Leur réputation n’est certes pas volée mais c’est plutôt l’ensemble de la montée qui est difficile, et pas uniquement ces 28 lacets, qui arrivent comme une cerise sur le gâteau ! Après cette ultime montée, nous arrivons au point de vue exceptionnel sur la chaine de montagne du Yulong Xueshan, qui dévoile ses sommets enneigés digne d’une carte postale. Le cadre est magnifique et justifie amplement l’effort fourni pour arriver jusqu’ici. Le trek continu ensuite sur une descente continue pendant deux bonne heures, où les forêts de sapins laissent peu à peu la place à des alpages sauvages et des petits villages isolés.



Nous arrivons enfin après près de 7h de marche à notre petit guest house, où nous passerons la nuit dans un dortoir bien tenu et surtout bienvenu, tant nos corps ont envie de s’écrouler dans les matelas ! Nous partageons cependant un repas avec des touristes qui semblent tout autant rincés que nous. Ce matin, nous sommes partis en direction des gorges pour enfin les apercevoir de plus prés. La descente jusqu’à la route principale s’avère relativement simple en comparaison avec le trek d’hier. Les choses se corsent quand nous commencons à descendre dans les gorges à proprement parler avec une descente abrupte, bien souvent dangereuse, la fatigue n’arrangeant en rien les choses. Après une bonne heure de descente, nous arrivons enfin aux fameuses gorges où nous devons repayer (on se demande bien pourquoi, mais bon…) pour pouvoir poser devant ce flux d’eau massif, impressionnant par le bruit et la taille des rapides !



Nous décidons de tenter un autre chemin pour remonter, le fameux chemin des échelles, qui porte plutôt mal son nom, étant pourvu que d’une seule échelle ! La remontée est vraiment raide, et le chemin souvent glissant avec le précipice à portée de semelle. Les corps commencent vraiment à lâcher et nous croisons de nombreux randonneurs qui se demandent pourquoi avoir choisi un chemin aussi complexe. Finalement, nous arrivons en haut pour le déjeuner, qui se résuma à une énorme plâtrée de tagliatelles ! Nous prenons ensuite le bus pour Lijiang, où la douche chaude, le lit douillet et le chauffage à gogo, seront les plus belles des récompenses après ces deux journées où nous avons vu des paysages magnifiques, au prix d’une randonnée d’un niveau relevé !