Hier, pour notre deuxième jour en terre birmane, nous avons décidé de chambouler un tout petit peu notre programme initial et d’aller à Bago, qui s’appelle Pégou en français, ancienne capitale du royaume Mon, qui dominait le sud de la Birmanie voilà plus de 1500 ans. Réputée pour ses nombreux temples parmi lesquels la pagode de Kyaik Pun ou celle de Shwemawdaw, légèrement plus grande que la Shwedagon de Yangon, qui était pourtant déjà d’une taille plus que respectable ! Nous avons donc pris la navette vers l’aéroport de notre hôtel, pas pour prendre l’avion (ah ba non, ça serait bien trop logique pour l’Asie), mais pour prendre notre bus en direction de Bago ! Après 1 h 30 de route de typologie indienne (en gros, il est impossible de lire tellement ça bouge, et encore moins de parler car on a le souffle coupé pendant tout le trajet !), nous arrivons à Bago !



 A première vue, Bago a hérité de la planification des villes du sous-continent indien, c’est-à-dire celle de ne pas en avoir ! Les klaxons retentissent à travers toute la ville, la chaleur est écrasante (et il est 9h du matin !) et la circulation intense ! Nous commençons par tenter de nous repérer dans cette anarchie, et les années passées en Inde nous sont d’une grande aide pour gérer la pression de l’environnement. Nous trouvons notre chemin et partons visiter l’Ouest de la ville, où se situent quelques-uns des monuments cités un peu plus haut. Nous marchons sur le bord de la route, le trottoir étant un concept étranger à la ville, en tentant de trouver de l’ombre, sorte de saint graal dans cette fournaise !



 Nous commençons par un petit monastère, le Maha Kaliani Sima, qui était bien calme au moment de notre visite, qui ne fut pas de ce fait, de longue durée. De l’autre côté de la route, se trouve la Four Figures Paya, qui comme son nom l’indique, est composé de 4 panneaux aux quatre points cardinaux, chacun avec un bouddha différent ! Nous sommes un peu déroutés par l’aspect neuf des monuments malgré leur âge plusieurs fois centenaire ! La rénovation poussée à fond donne une impression de récent, bien loin de ce que nous pensions trouver en Birmanie… Nous retraversons la route, pour tomber sur un hôtel bouddhiste ! Enfin un hôtel bouddhiste, façon de parler, car nous tombons sur une statue immense de bouddha couché, le Nya Thar Lyaung, qui semble profiter du soleil comme certains à la plage ! Juste à côté de ce dernier se trouve un autre bouddha couché, mais lui situé sous un immense abri en métal, ce qui donne l’impression au premier regard de rentrer dans une immense usine, mais finalement de tomber sur un temple bouddhiste, où la statue du bouddha couché se trouve ici sur des coffres sertis de diamants : le kitsch porté au rang d’art !



 Nous devenons des pros du retrait de tongs, car nous avons le sachet plastique prêt à être dégainé, ce qui permet de ne pas être obligé de ressortir par la même porte (chaque temple possède en général, 4 entrées, une à chaque point cardinal). Nous continuons ensuite vers l’Ouest, pour trouver la Mahazedi Paya, une immense pagode qui ressemble comme deux gouttes d’eau à la pagode Shwedagon. Nous ne nous attardons pas, pour rejoindre une autre pagode, la Shwegugale Paya, qui est plus originale que la précédente, avec de nombreux carrelages de couleurs et un immense bassin, ce qui n’est pas sans rappeler certains temples hindous, et qui donne un reflet sympa pour les photos. Nous avons fini de tremper les derniers recoins de nos t shirts tant la chaleur est écrasante, et nous déglinguons les bouteilles d’eau comme Depardieu les bouteilles d’alcool. Nous croisons de nombreux moines qui viennent pratiquer une sorte d’aumône, allant de boutiques en boutiques pour quémander de la nourriture, des boissons ou tout simplement de l’argent !



 Nous retournons ensuite en centre-ville (comprendre : où se situent les 2 restaurants potables) pour manger et tombons sur un restaurant qui semble correct, au sens indien du terme. Nous croisons une tireuse, et c’est bien l’une des premières que nous croisons dans notre voyage ! Nous reprenons ensuite la route, en direction du palais Kambawzathadi. Sur le chemin, nous croisons de nombreuses birmanes qui comme certaines voisines de Thaïlande, portent du Thanaka, la secrète beauté originaire du pays, qui s’étale sur la peau et qui aurait des vertus exceptionnelles pour lutter contre l’acné, le soleil etc… Bref, ça sent la mode été de 2020 dans le Cosmopolitan ! Nous luttons pour bronzer quand d’autres se protège du soleil, le monde semble partagé sur la question de la couleur de peau !



 Nous arrivons au palais susnommé (avec le nom à rallonge…), qui est en rénovation (ah ba bravo) mais il s’avère que c’est la rénovation d’un palais déjà rénové, ce qui donne une idée de l’authenticité de la chose ! Le palais était en fait en ruine, et le gouvernement birman a trouvé qu’il pourrait être sympa de le reconstruire, en se basant sur… son imagination ! Le kitsch a rendez-vous avec le mauvais gout, et donne un ensemble peu convaincant, plein de dorures et de monstres en tous genres ! Nous ne nous attardons pas et repartons en direction de la Shwemawdaw Paya, qui est plus grande que la Pagode Shwedagon de Rangoun, mais qui semble moins impressionnante. Nous cherchons l’overdose de Pagode, et poussons le vice jusqu’à visiter la Hintha Gon Paya, située non loin de la Shwemawdaw, mais qui offre surtout un panorama sympathique sur la ville !



 Après avoir parcouru une bonne vingtaine de kilomètres à pied sous cette chaleur toujours aussi pesante, nous craquons et prenons un petit rickshaw birman, qui ressemble à une mobylette sur laquelle on aurait greffé l’arriére d’un pickup (je vous fais rever la). Le chauffeur, d’une gentillesse toute birmane (aucun sous-entendu, les birmans sont vraiment des amours), nous déposa non loin de notre dernière destination de la journée : le Kha Khat Wain Kyaung Monestary. Avec un nom pareil, on a vraiment eu de la chance de le trouver, et Athénaïs fut enchantée : des dizaines de moines étaient en pleine prière, ce qui ressemble à un rassemblement de M Propre (pour la coupe de cheveux) fans de hard rock (pour le bruit). Athénaïs mitraille et Benjamin reste dubitatif devant tant de ferveur. Après toutes ces pagodes, nous hélons un bus pour Rangoun, et rentrons relativement rapidement à la station de bus où nous reprendrons un taxi pour notre hôtel.



Au bout de 20 minutes de route, notre taxi s’arrête sur le côté et nous annonce que nous devons changer de véhicule car il doit prendre un ferry à 17h. Il arrête un de ses nombreux collègues, et nous voilà repartis ! Nous arrivons rincés à l’hôtel, la journée ayant commencé tôt (lever à 6h10), nous retournerons après manger en ville, et nous ne tarderons pas à dormir, les corps semblant demander leur ration de sommeil. Ce matin, nous avons profité de notre hôtel pour faire une grasse matinée birmane, et pris le petit déjeuner en prenant notre temps ! Après une banane, un thé birman et des œufs, nous partons nous balader vers le sud pour voir ce qu’il nous reste à voir dans la ville. Nous sommes toujours surpris par la ressemblance de cette ville avec ses cousines indiennes par le bruit, les odeurs (…) et surtout les déchets qui jonchent le sol… Nous arrivons après une bonne demi-heure de marche à la Botahtaung Paya, qui se situe sur les rives de la rivière de Rangoun. Nous la zappons volontairement car nous avons vu suffisamment de pagodes hier, puis allons prendre le ferry pour nous balader sur la rivière.



La vue n’est pas exceptionnelle, mais cela donne une idée du quotidien des habitants de cette ville de 5 millions d’habitants tout de même. Nous repassons dans le quartier colonial avec ses nombreux bâtiments d’époque puis mangeons non loin de la Sule Paya, que nous avions déjà vue le premier jour. Nous remontons ensuite pour rejoindre le lac Kandawgyi, un grand lac situé en plein cœur de la ville, et qui donne une belle vue sur la pagode Shwedagon, le temps est couvert, ce qui permet de limiter un peu la chaleur. Sur le lac se situe un immense bâtiment de couleur, allez, devinez… Dorée ! Après avoir apprécié de manière toute relative ce magnifique ensemble, nous repartons à l’hôtel pour nous poser un peu et attendre notre bus de nuit, qui nous amènera à notre prochaine destination : le lac Inle !