Dimanche matin, après avoir traversé le Sichuan du sud au nord la veille en faisant 10 heures de bus, pendant lesquelles nous avons rencontré Mathilde et Tristan, deux français en échange universitaire en Chine, nous avons décidé de faire la visite du Parc National de Jiuzhaigou ensemble ! Ce site classé UNESCO depuis 1987 doit son nom aux neuf villages tibétains que l’on trouve en son sein. Sa renommée vient de la beauté de ses chutes d'eau et de ses lacs, d’un bleu turquoise étincelant. Selon la légende, un dieu fit cadeau d’un miroir à la déesse qu'il aimait. La déesse, un peu gauche, fit tomber le miroir, qui éclata en 118 morceaux, qui correspondent aux lacs que l’on trouve aujourd’hui.



Pour les Han, peuple majoritaire de Chine, la vallée de Jiuzhaigou est très importante, ce qui explique le nombre impressionnant de touristes présent à notre arrivée à l’entrée du parc. Nous somme situés sur le plateau tibétain, ce qui se voit par les faciès des locaux, les panneaux écrits en tibétains ou encore l’altitude moyenne, frôlant les 3000 mètres ici ! Cette région isolée est en effet habitée par les peuples tibétains depuis très longtemps et il y a 40 ans, cette zone quasi-inaccessible était peu connue. De nos jours, près de 10 000 visiteurs par jour, en grande majorité chinois, viennent visiter ce site exceptionnel, considéré comme un sanctuaire de biosphère, offrant une grande variété en flore et en faune.



Nous commençons notre découverte par éviter les bus qui circulent dans la vallée et dont les touristes chinois sont friands : nous partons donc à pied visiter la première partie du parc, qui se compose de nombreux lacs bleus turquoise, cette couleur étant dû au taux de calcaire. Nous ne croisons absolument aucun touriste sur les premiers kilomètres, ce qui est incroyable vu la foule aux guichets à l’entrée ! Nous sommes bluffés par la beauté des paysages, le chemin de randonnée serpentant entre les lacs, nous permettant de profiter au calme de ce lieu magique. Nous arrivons en milieu de journée au croisement des deux branches du Y formé par la vallée, où nous déjeunerons, un repas inoubliable par sa médiocrité !



Nous prenons ensuite le bus pour monter vers le lac aux bambous, un grand lac bleu turquoise situé dans les hauteurs du parc national. Le nombre de touristes est affolant, il y a un vrai contraste avec notre ballade du matin. Nous profitons tout de même du paysage, le temps étant très changeant avec quelques passages de pluie fine. Nous reprenons ensuite le bus pour arriver au lac des cinq fleurs, l’un des plus connus du parc, et qui est utilisé comme emblème dans toute la Chine. Nous assistons à la chute d’un IPhone d’un chinois dans le lac, ce qui attirera l’attention de toute la foule, bien que le paysage soit bien plus intéressant…



Nous prenons quelques photos puis reprenons le bus pour rejoindre la deuxième branche du Y, vers le Long Lake. Le Long Lake porte bien son nom, car nous n’en voyons même pas la fin ! Nous prenons quelques photos puis redescendons vers un dernier lac, qui semble souffrir comme certains autres ici, du développement économique chinois et par extension, du réchauffement climatique. Certains lacs étaient même secs ! Nous reprenons ensuite le bus pour redescendre à l’entrée du parc, complétement convaincu de l’intérêt de protéger une si belle réserve naturelle et par conséquent de son classement sur la liste du patrimoine mondial de l’UNESCO. Nous prenons ensuite le diner et allons-nous coucher, les 20km dans les jambes se faisant sentir !



Lundi, le soleil fait son grand retour et cela tombe bien car nous avons prévu de visiter à nouveau un parc national, celui de Huang Long, littéralement « Dragon Jaune », les chinois sont toujours aussi inspirés en matière de naming ! Nous ne changeons pas une équipe qui gagne et partons accompagné de nos amis français, la route traverse des paysages magnifiques, avec des montagnes enneigées à perte de vue, des yaks sur le bord des routes et de nombreux drapeaux de prière tibétains rappelant combien cette région fait partie du Tibet historique, et possède sa propre culture, bien éloignée de la culture chinoise Han dominante. Nous arrivons à Huang long en fin de matinée, le temps est radieux, le soleil irradiant toute la vallée, la neige donnant de sa réverbération.



Huang long est connu pour ses immenses piscines d’eau calcaire bleue turquoise dont certaines forment d’immenses cascades. Son nom de dragon jaune vient ainsi de la forme de la vallée vue du ciel. Nous commençons ainsi la montée vers le sommet de la vallée, croisant au début quelques piscines, mais l’immense majorité de ces dernières sont asséchées, ce qui nous gâche un peu le début de notre visite. Nous ne laissons cependant pas tomber et continuons malgré tout à grimper, l’altitude se faisant sentir, les poumons étant en plein souffrance et la tête commence à connaitre les grosse migraines, typique de ce que l’on appelle le mal de l’altitude. Nous prenons alors notre temps pour faire l’ascension, croisant sur notre route un beau temple chinois, entouré de montagnes blanches de neige !



Au sommet, le spectacle récompense enfin l’effort ! Les nombreuses piscines d’eau calcaire sont bien là, et offrent une vue exceptionnelle sur la vallée. Les chinois, qui auront rejoints le sommet grâce à un téléphérique (vous aurez compris que le chinois est antisportif), s’en donnent à cœur joie pour les photos, et on les comprend tant ce que nous voyons est impressionnant ! Au même titre que Jiuzhaigou, Huang long est un site classé au patrimoine mondial de l’UNESCO. Nous profitons du beau temps pour nous poser au sommet et déjeuner dans ce cadre idyllique. Nous reprenons ensuite la route du retour qui fut bien plus agréable car entièrement en descente ! Nous aurons encore marché près de 20 km en cette journée ensoleillée.



Arrivés à la sortie, nous avons repris le taxi qui nous attendait et avons dit au revoir (déjà !) à nos amis. Le taxi nous déposa sur la route pour que nous puissions prendre un bus pour Songpan, où nous arriverons en début de soirée. A notre arrivée à l’hôtel, nous sommes invités par une chinoise à diner, ce que nous nous empressons d’accepter, ayant eu trop peu d’expériences positives avec les chinois ! Ce fut un excellent repas, notre hôte parlant anglais, nous avons pu échanger tout au long du repas, et avoir enfin une image un peu différente du peuple chinois. La nourriture sichuanaise est réputée pour son niveau élevé d’épices, ce qui n’est pas sans rappeler la cuisine de nos amis indiens. Nous allons ensuite nous coucher, littéralement épuisés par notre marche de la journée !