Hier matin, après une nuit un peu agitée où nous avions du changer d’hôtel, nous nous sommes réveillés tôt (voire très tôt pour certains) afin d’être à l’heure pour le minibus qui venait nous prendre) à 6h30, puis 7h qui deviendra 7h30 et qui arriva après avoir grillé tous nos espoirs à 8h ! Nous partons donc un peu contrariés vers l’embarcadère où nous attend à une petite vingtaine de kilomètres de Siem Reap le bateau qui sera le nôtre pour la traversée du lac Tonlé Sap et ses nombreux villages flottants, le tout jusqu’à Battambang ! Tonlé Sap signifie « Grande rivière d’eau douce », ce qui est plutôt le cas en cette période de l’année où le volume du lac diminue et la différence entre le lac et son émissaire (son lit) est clairement visible.



Nous commençons tant bien que mal notre traversée même si la faible profondeur du lac nous laisse dubitatif sur l’issue de notre périple. Nous passons une première heure relativement calme, où les rizières et l’eau se mêlent à perte de vue. Pénélope et Athénaïs font bronzette sur le toit et nous arrivons tranquillement au Tonlé Sap à proprement parler et à son premier village flottant. La plupart des maisons sont faites en bambou et en bois, le tout monté sur d’énormes bidons en métal vides, afin de servir de flotteur à ces maisons de fortune. Nous croisons de nombreux filets de pêche chinois, et les bateaux ont remplacé ici les voitures, la conduite restant la même ! Nous nous arrêtons pour un repas qui se résumera à un paquet de chips et à des Coca-colas, le plat proposé par le semblant de restaurant n’étant pas vraiment rassurant…



Nous reprenons ensuite le bateau et bifurquons rapidement dans un des nombreux boyaux qui s’échappent du lac vers les terres et commençons notre remontée vers Battambang, le niveau du lac est toujours aussi préoccupant mais le capitaine semble savoir ce qu’il fait ! Nous recroisons encore de nombreux villages flottants, et le lac devenu fleuve se faufile de nouveau à travers les rizières. Nous sommes toujours surpris par la capacité des locaux à polluer leur propre lieu d’habitation, surtout que pour ce qui est du lac, il leur permet de se laver, ou encore de trouver à manger via la pêche ! Il sert même de réserve d’eau à la moitié du pays, c’est dire son importance dans l’économie cambodgienne ! Le bateau continue sa traversée, et au bout de deux bonnes heures nous sommes complétement bloqués par un banc de sable.



Le bateau semble bien décidé à ne pas bouger, Benjamin décide alors d’aller se balader sur la rive (le niveau étant tellement bas, que l’eau arrive en dessous de son genou !), ce qui lui vaudra de s’enfoncer jusqu’au genou dans la boue, les bords n’étant absolument pas stables ! Après son retour plein de boue, le bateau semble vouloir bouger, ce qu’il fera après que Thomas et Benjamin eurent aidé les moussaillons à pousser le navire, qui n’était pas loin de devenir un radeau de fortune. Vu la tête des responsables du bateau, le banc de sable semble être une mésaventure quotidienne ! Nous reprenons alors la navigation vers Battambang, le soleil commençant à se coucher petit à petit ! Nous aurons encore le droit à un arrêt banc de sable, avec débarquement de tous les passagers ! Nous arrivons finalement un peu groggy à la fin de cette journée, qui aura été riche en aventures, en paysages et en rencontres ! Nous débarquons à Battambang, prenons notre chambre d’hôtel, allons diner et nous coucher.



Ce matin, Athénaïs est allée acheter des baguettes pour toute l’équipe et le Nutella poursuit sa décrue. Après cela nous sommes partis à la recherche d’un Remork, le rickshaw local, afin de faire le tour des points d’intérêts de la région de Battambang. Battambang signifie « perdre le bâton » en Khmer, et se trouve être la deuxième ville du Cambodge avec 250 000 habitants. Nous trouvons un Remork, qui se trouve être aussi un guide et nous partons donc avec lui dans son carrosse pour la journée. Nous commençons par visiter le cœur de la ville et ses quelques bâtiments coloniaux laissés par les Français, les anciens maîtres des lieux ! Le Cambodge, au même titre que le Laos et le Vietnam, faisait en effet partie de l’Indochine, ancienne colonie française. Nous traversons ensuite la rivière et tombons sur un rond-point où se trouve une immense statue d’un monstre tout noir avec un immense bâton, sensé rappeler le nom de la ville… L’art moderne Khmer sans doute !



Notre chauffeur s’enfonce ensuite dans une petite piste de terre, qui semble filer droit vers le sud. Après une bonne dizaine de minutes, nous arrivons face à face avec un chemin de fer et sa locomotive toute particulière : c’est le bamboo train, qui comme son nom l’indique est un train en bambou ! Les premiers trains datent des années 1970 et étaient utilisés pour l’entretien des voies. Ils n’étaient pas motorisés, et on utilisait de longues perches de bambou pour avancer. A partir des années 80, les villageois construisirent leurs premiers locomotives grâce à des pièces récupérées sur du matériel militaire abandonné pendant la guerre. Le résultat donne un train unique en son genre, et qui file jusqu’à 30 km/h, le long d’une voie métrique un peu chahutée ! Le plus original reste le processus qui se met en route quand 2 voitures se croisent en sens inverse : le plus léger doit s’arrêter, être démonté, posé sur le côté, puis remonté une fois l’autre véhicule passé ! Une chose à voir !



Nous sommes ensuite revenus au point de départ et avons repris la Remork, et notre chauffeur nous emmena dans un village non loin pour nous montrer les maisons traditionnelles en bois de la région. Il nous a expliqué que les maisons étaient surélevées pour éviter les serpents et autres copains sympas qui pourraient venir la nuit ! Avec ce genre d’arguments on peut comprendre que tant de maisons soient construites à l’étage ! Nous continuons ensuite vers un pont suspendu qui mène à un temple bouddhiste flambant neuf (et donc kitsch) ! Nous continuons à longer le fleuve et nous arrivons à un village musulman où nous sommes surpris de croiser des femmes voilées (chose très rare au Cambodge pour le moment). Nous visitons une fabrique de vin de raisin local (beurk !) et de vin de riz (rebeurk !) avant d’arriver au Banan Temple et ses 400 marches à parcourir pour arriver à son sommet.



Au sommet, les ruines du temple ont un intérêt certain et nous rappellent de loin un mini Angkor Wat ! Nous redescendons ensuite les marches (bien plus vite que lors de la montée !) et croisons un policier en train de ronfler dans un hamac, les forces vives de la nation sont au rendez-vous ! La Remork repart et nous filons droit à travers les rizières sur une route rouge écarlate, slalomant entre les vaches et les cochons, plus courants que les voitures ici. Nous arrivons alors au Phnom Sampeou, une montagne avec un temple à son sommet (pas à sa base, sinon ça serait bien moins drôle !). Après une brève explication de notre guide, nous commençons  l’ascension qui se fait via une route goudronnée (et oui, on vit dans le luxe !). Après quelques minutes de grimpette, nous arrivons à un petit monastère bouddhiste, sans grand intérêt, si ce n’est la vue imprenable sur la vallée, qui nous rappelle combien le Cambodge est plat !




Nous continuons à grimper pour arriver au temple qui surplombe la montagne et par conséquent la vallée, avec une vue impressionnante ! Le temple est tout doré comme souvent chez les bouddhistes et le carrelage semble sortir tout droit d’un déstockage M Bricolage (on repassera pour les couleurs !). Après cette visite impérissable, nous redescendons afin de profiter de l’attraction phare de Phnom Sampeou : la sortie des chauves-souris de la Bat Cave, à la nuit tombante ! Nous nous installons juste en dessous de la grotte, et attendons la sortie de ces dames en sirotant un verre ! Après quelques dizaines de minutes, un immense nuage de chauvesouris se met à sortir et ne s’arrêtera pas avant une bonne heure ! Nous repartons ensuite vers Battambang, en route nous croisons un gros serpent sur la route ! Nous allons diner dans un restaurant européen où chacun choisira entre pizza et pates, et se régalera ! Le sommeil venant, nous allons nous coucher car demain nous partons pour la capitale, je parle bien sûr de Phnom Penh !